Carte postale
Chartres n° 500, La Cathédrale, l’Ange du Méridien (détail), ND Phot, 9 x 13.8 cm, non circulée, ap. 1903
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« Cet ange nimbé, les pieds nus, sous un dais, la poitrine couverte par un cadran de pierre, à quoi répond-il, que fait-il ? (…) Il regarde au-dessus de nous et l’on se demande s’il est ou très impur ou très chaste. Le haut du visage est candide, les cheveux sont taillés en rondelle, la figure est imberbe, la mine monastique ; mais entre le nez et les lèvres, descend une pente spacieuse et la bouche, fendue en coup de sabre, s’entr’ouvre en un sourire qui finit, quand on le scrute avec soin, par devenir un tantinet gouailleur, un tantinet canaille, et l’on s’interroge pour savoir devant quelle sorte d’ange l’on se trouve. Il y a chez cet être du mauvais séminariste et aussi du bon postulant. Si le statuaire employa comme modèle un jeune moine, il n’a certainement pas choisi un doux novice semblable à celui qui servit sans doute de sujet d’étude au sculpteur du Joseph installé sous le porche Nord ; il a dû prendre l’un de ces religieux gyrovagues qui inquiétaient tant saint Benoît. Singulier personnage que cet ange (…) qui anticipe de plusieurs siècles sur les types séraphiques si inquiétants de la Renaissance ! » (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale (ch. XIII), 1898)