Hôtel de ville (Lübeck)

Carte postale

Lübeck, Rathaus, Hugo Meyer Kunstverlag Lübeck, 1909, 9.2 x 14.2, non circulée, ap. 1903

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« Il était unique en son genre, ce monument. Je le voyais, en un effort de mémoire, si élégant et si saugrenu, si vieillot et si puéril ! il était haut comme une botte et dressait sur des galeries de cloître, si basses qu’un homme de haute taille pouvait à peine passer sous ses voûtes, une façade extravagante, chamarrée de blasons peints, surmontés d’ogives aveuglées par des murs, coupée de cinq tours minuscules, à bonnets pointus de cuivre vert, cinq tours arlequines, bâties avec des briques bleues, roses, vertes, brunes, mêlées çà et là à des briques noires qui avaient des reflets irisées de bulle ; tout cela chatoyant, malgré la patine de l’âge, et se profilant sur un ciel gris ; et cette incroyable façade se prolongeait en équerre, derrière un autre monument, au coin de la place, et elle était alors composée de trois nouvelles tours, coiffées de cornets verts, réunies entre elles par un mur de brique percé de trois grands trous ronds. C’était inutile, c’était improbable et c’était très bien. On eût dit, de cet hôtel de ville, d’un jouet héraldique, d’un château-fort pour bébé, d’un cloître pour nain. » (Joris-Karl Huysmans, « Lübeck » in « L’Echo de Paris », 19 octobre 1898)